Poèmes Saturniens (Paul Verlaine)

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Ukázky

Résignation

Tout enfant, j'allais ręvant Ko-Hinnor,
Somptuosité persane et papale,
Héliogabale et Sardanapale ! 

Mon désir créait sous des toits en or, 
Parmi les parfums, au son des musiques, 
Des harems sans fin, paradis physiques ! 

Aujourd'hui, plus calme et non moins ardent, 
Mais sachant la vie et qu'il faut qu'on plie, 
J'ai dű refréner ma belle folie, 
Sans me résigner par trop cependant. 

Soit ! le grandiose échappe ŕ ma dent, 
Mais, fi de l'aimable et fi de la lie! 
Et je hais toujours la femme jolie, 
La rime assonante et l'ami prudent. 

— 1 —


Nevermore

Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L'automne 
Faisait voler la grive ŕ travers l'air atone,
Et le soleil dardait un rayon monotone 
Sur le bois jaunissant oů la bise détonne. 

Nous étions seul ŕ seule et marchions en ręvant, 
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent. 
Soudain, tournant vers moi son regard émouvant 
«Quel fut ton plus beau jour? » fit sa voix d'or vivant, 

Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique. 
Un sourire discret lui donna la réplique, 
Et je baisai sa main blanche, dévotement. 

Ah! les premičres fleurs, qu'elles sont parfumées! 
Et qu'il bruit avec un murmure charmant 
Le premier oui qui sort de lčvres bien-aimées! 

— 2 —


Bělostný měsíc

Bělostný měsíc
svůj bledý jas
rozlévá v lesích,
je slyšet hlas,
jak listím padá...
 
Ó měj mě ráda!
 
Nad tůní vrby
ladí svůj stín
v zrcadle hlubin,
hlas bolestín
v nich větrem kvílí...
 
Sněme v tu chvíli!
 
Nesmírné, něžné
utišení
s oblohy hvězdné
jako mžení
měsíčné, bílé...
 
Jak vzácná chvíle!                

— 3 —


Croquis parisien

La lune plaquait ses teintes de zinc
Par angles obtus. 
Des bouts de fumée en forme de cinq 
Sortaient drus et noirs des hauts toits pointus. 

Le ciel était gris. La bise pleurait 
Ainsi qu'un basson. 
Au loin, un matou frileux et discret 
Miaulait d'étrange et gręle façon. 

Moi, j'allais, ręvant du divin Platon 
Et de Phidias, 
Et de Salamine et de Marathon, 
Sous l'oeil clignotant des bleus becs de gaz. 

— 4 —


Marine

L'Océan sonore
Palpite sous l'śil 
De la lune en deuil 
Et palpite encore, 

Tandis qu'un éclair 
Brutal et sinistre 
Fend le ciel de bistre 
D'un long zigzag clair, 

Et que chaque lame 
En bonds convulsifs 
Le long des récifs 
Va, vient, luit et clame, 

Et qu'au firmament, 
Oů l'ouragan erre, 
Rugit le tonnerre 
Formidablement.

— 5 —


Effet de nuit

La nuit. La pluie. Un ciel blafard que déchiquette
De flčches et de tours ŕ jour la silhouette 
D'une ville gothique éteinte au lointain gris. 
La plaine. Un gibet plein de pendus rabougris 
Secoués par le bec avide des corneilles 
Et dansant dans l'air noir des gigues nonpareilles, 
Tandis que leurs pieds sont la pâture des loups. 
Quelques buissons d'épine épars, et quelques houx 
Dressant l'horreur de leur feuillage ŕ droite, ŕ gauche, 
Sur le fuligineux fouillis d'un fond d'ébauche. 
Et puis, autour de trois livides prisonniers 
Qui vont pieds nus, un gros de hauts pertuisanier 
En marche, et leurs fers droits, comme des fers de her 
Luisent ŕ contre-sens des lances de l'averse.

— 6 —


Chanson d’automne

Des violons 
De l'automne 
Blessent mon cśur 
D'une langueur monotone. 

Tout suffocant 
Et blęme, quand 
Sonne l'heure, 
Je me souviens 
Des jours anciens 
Et je pleure; 

Et je m'en vais 
Au vent mauvais 
Qui m'emporte 
Deçŕ, delŕ, 
Pareil ŕ la 
Feuille morte.

— 7 —

Informace

Bibliografické údaje

  • Autor: Paul Verlaine
  • Jazyk: Francouzština
  • Žánr(y): báseň, sbírka
  • Jazyk originálu: Fracouzština
  • 13. 5. 2023