De La Terre a La Lune

Jules Verne

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Elektronická kniha: Jules Verne – De La Terre a La Lune (jazyk: Francouzština)

Katalogové číslo: verne14 Kategorie: Štítek:

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E-kniha Jules Verne: De La Terre a La Lune

Anotace

O autorovi

Jules Verne

[8.2.1828-24.3.1905] Jules Verne, francouzský spisovatel a dramatik, jeden z nejpřekládanějších francouzsky píšících autorů vůbec, přichází na svět 8. února roku 1828 v Nantes jako syn advokáta. V mládí Verne studuje práva v Nantes a poté v Paříži, po studiích pak pracuje na burze. Literární ambice má Jules Verne již od mládí, do světa literatury ho jako tajemníka pařížského Théatre lyrique...

Jules Verne: životopis, dílo, citáty

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VII

L’HYMNE DU BOULET

L’Observatoire de Cambridge avait, dans sa mémorable lettre du 7 octobre, traité la question au point de vue astronomique; il s’agissait désormais de la résoudre mécaniquement. C’est alors que les difficultés pratiques eussent paru insurmontables en tout autre pays que l’Amérique. Ici ce ne fut qu’un jeu.

Le président Barbicane avait, sans perdre de temps, nommé dans le sein du Gun-Club un Comité d’exécution. Ce Comité devait en trois séances élucider les trois grandes questions du canon, du projectile et des poudres; il fut composé de quatre membres trčs savants sur ces matičres: Barbicane, avec voix prépondérante en cas de partage, le général Morgan, le major Elphiston, et enfin l’inévitable J.-T. Maston, auquel furent confiées les fonctions de secrétaire-rapporteur.

Le 8 octobre, le Comité se réunit chez le président Barbicane, 3, Republican-street. Comme il était important que l’estomac ne vînt pas troubler par ses cris une aussi sérieuse discussion, les quatre membres du Gun-Club prirent place ŕ une table couverte de sandwiches et de théičres considérables. Aussitôt J.-T. Maston vissa sa plume son crochet de fer, et la séance commença.

Barbicane prit la parole:

«Mes chers collčgues, dit-il, nous avons ŕ résoudre un des plus importants problčmes de la balistique, cette science par excellence, qui traite du mouvement des projectiles, c’est-ŕ-dire des corps lancés dans l’espace par une force d’impulsion quelconque, puis abandonnés eux-męmes.

—Oh! la balistique! la balistique! s’écria J.-T. Maston d’une voix émue.

—Peut-ętre eűt-il paru plus logique, reprit Barbicane, de consacrer cette premičre séance ŕ la discussion de l’engin...

—En effet, répondit le général Morgan.

—Cependant, reprit Barbicane, aprčs műres réflexions, il m’a sembl que la question du projectile devait primer celle du canon, et que les dimensions de celui-ci devaient dépendre des dimensions de celui-lŕ.

—Je demande la parole», s’écria J.-T. Maston.

La parole lui fut accordée avec l’empressement que méritait son pass magnifique.

«Mes braves amis, dit-il d’un accent inspiré, notre président a raison de donner ŕ la question du projectile le pas sur toutes les autres! Ce boulet que nous allons lancer ŕ la Lune, c’est notre messager, notre ambassadeur, et je vous demande la permission de le considérer un point de vue purement moral.

Cette façon nouvelle d’envisager un projectile piqua singuličrement la curiosité des membres du Comité; ils accordčrent donc la plus vive attention aux paroles de J.-T. Maston.

«Mes chers collčgues, reprit ce dernier, je serai bref; je laisserai de côté le boulet physique, le boulet qui tue, pour n’envisager que le boulet mathématique, le boulet moral. Le boulet est pour moi la plus éclatante manifestation de la puissance humaine; c’est en lui qu’elle se résume tout entičre; c’est en le créant que l’homme s’est le plus rapproché du Créateur!

—Trčs bien! dit le major Elphiston.

—En effet, s’écria l’orateur, si Dieu a fait les étoiles et les plančtes, l’homme a fait le boulet, ce critérium des vitesses terrestres, cette réduction des astres errant dans l’espace, et qui ne sont, ŕ vrai dire, que des projectiles! A Dieu la vitesse de l’électricité, la vitesse de la lumičre, la vitesse des étoiles, la vitesse des comčtes, la vitesse des plančtes, la vitesse des satellites, la vitesse du son, la vitesse du vent! Mais ŕ nous la vitesse du boulet, cent fois supérieure ŕ la vitesse des trains et des chevaux les plus rapides!

J.-T. Maston était transporté; sa voix prenait des accents lyriques en chantant cet hymne sacré du boulet.

«Voulez-vous des chiffres? reprit-il, en voilŕ d’éloquents! Prenez simplement le modeste boulet de vingt-quatre [C’est-ŕ-dire pesant vingt-quatre livres.]; s’il court huit cent mille fois moins vite que l’électricité, six cent quarante fois moins vite que la lumičre, soixante-seize fois moins vite que la Terre dans son mouvement de translation autour du Soleil, cependant, ŕ la sortie du canon, il dépasse la rapidité du son [Ainsi, quand on a entendu la détonation de la bouche ŕ feu on ne peut plus ętre frappé par le boulet.], il fait deux cents toises ŕ la seconde, deux mille toises en dix secondes, quatorze milles ŕ la minute (— 6 lieues), huit cent quarante milles l’heure (— 360 lieues), vingt mille cent milles par jour (— 8,640 lieues), c’est-ŕ-dire la vitesse des points de l’équateur dans le mouvement de rotation du globe, sept millions trois cent trente-six mille cinq cents milles par an (— 3,155,760 lieues). Il mettrait donc onze jours ŕ se rendre ŕ la Lune, douze ans ŕ parvenir au Soleil, trois cent soixante ans ŕ atteindre Neptune aux limites du monde solaire. Voilŕ ce que ferait ce modeste boulet, l’ouvrage de nos mains! Que sera-ce donc quand, vingtuplant cette vitesse, nous le lancerons avec une rapidité de sept milles ŕ la seconde! Ah! boulet superbe! splendide projectile! j’aime ŕ penser que tu seras reçu lŕ-haut avec les honneurs dus ŕ un ambassadeur terrestre!

Des hurrahs accueillirent cette ronflante péroraison, et J.-T. Maston, tout ému, s’assit au milieu des félicitations de ses collčgues.

«Et maintenant, dit Barbicane, que nous avons fait une large part ŕ la poésie, attaquons directement la question.

—Nous sommes pręts, répondirent les membres du Comité en absorbant chacun une demi-douzaine de sandwiches.

—Vous savez quel est le problčme ŕ résoudre, reprit le président; il s’agit d’imprimer ŕ un projectile une vitesse de douze mille yards par seconde. J’ai lieu de penser que nous y réussirons. Mais, en ce moment, examinons les vitesses obtenues jusqu’ici; le général Morgan pourra nous édifier ŕ cet égard.

—D’autant plus facilement, répondit le général, que, pendant la guerre, j’étais membre de la commission d’expérience. Je vous dirai donc que les canons de cent de Dahlgreen, qui portaient ŕ deux mille cinq cents toises, imprimaient ŕ leur projectile une vitesse initiale de cinq cents yards ŕ la seconde.